L’incubateur constitue l’un des atouts majeurs du campus de Télécom SudParis et Télécom Ecole de Management. Cette structure atypique, sobrement nommée Télécom SudParis Entrepreneurs, permet d’accompagner les projets de création d’entreprise des étudiants de Télécom SudParis, Télécom Ecole de Management et de l’ENSIIE dans le domaine des TIC.
Créé en 1999, l’incubateur est dirigé par Sébastien Cauwet depuis 2006. Nous avons rencontré ce dernier pour évoquer un concept inhérent aux start-up incubées : l’innovation.
Le secteur des TIC est l’un des plus propices à l’innovation. Ce domaine très évolutif et en forte croissance permet à des start-up de se hisser en très peu de temps parmi les entreprises les plus importantes et les plus influentes à l’échelle internationale. Les exemples sont nombreux : on peut citer entre autres Google, Facebook et Yahoo qui ont connu un succès planétaire en moins de 15 ans.
La renommée des entreprises incubées contribue au rayonnement des écoles qui investissent énormément dans l’incubateur en finançant 50% de ses activités. Prendre ainsi parti en faveur de la création d’entreprise est un moyen pour les écoles de participer activement au processus d’innovation et non pas simplement de communiquer sur ce concept.
La moyenne d’âge des porteurs de projet suivis par l’incubateur avoisine les 30-35 ans, âge le plus propice à la création d’entreprise. Selon Sébastien Cauwet, cet âge correspond à une période idéale où le dynamisme de la jeunesse d’ajoute à la maturité d’esprit nécessaire à la création d’entreprise.
Si tous les créateurs d’entreprise affichent un parcours similaire dans le domaine des TIC, seuls 30% d’entre eux sont issus des 3 écoles citées, l’incubateur étant ouvert aux porteurs de projets externes.
Bonne idée = réussite ?
La création d’une start-up repose initialement sur une idée innovante. Dans les TIC, l’innovation n’est pas forcément basée sur une rupture technologique mais peut être tirée par le marché. L’idée de création d’entreprise naît alors de la constatation selon laquelle il subsiste des besoins non comblés, la réponse à ces besoins donnant naissance à de nouveaux produits ou services développés par la start-up.
Un bon projet, une bonne équipe
Mais, il serait illusoire de penser que la réussite du projet ne repose que sur la nature de l’idée. Ce serait négliger l’importance capitale du rôle joué par l’équipe.
Pour garantir le sérieux de la démarche de création d’entreprise, l’incubateur Télécom SudParis Entrepreneurs exige qu’un membre de l’équipe se consacre à temps plein au projet.
D’autre part, la conduite de la réussite repose sur l’émulation au sein de l’équipe, que le projet soit modeste ou plus ambitieux.
En termes de parcours, on constate que lorsque l’entreprise se stabilise, les fondateurs en deviennent les premiers commerciaux tandis que l’équipe technique, recrutée spécifiquement pour les besoins de la start-up, s’occupe du développement des solutions.
Incubation, mode d’emploi
L’incubation est un processus de 18 mois au terme desquels les start-up doivent être devenues des sociétés viables à même de se développer auprès de leur clientèle. C’est pourquoi, il est essentiel de posséder une idée concrète et un projet avancé en amont de l’incubation.
Malgré la proximité et le soutien que les trois écoles apportent à l’incubateur, le risque financier reste non négligeable. En effet, afin de lancer leur activité, il est nécessaire pour les porteurs de projet de réunir un capital compris entre 200 000 et 250 000€. Si le statut d’étudiant permet d’économiser sur le coût du temps de travail en fournissant une main d’œuvre gratuite, il faut, dès les premiers mois, être capable de réunir d’importantes sommes d’argent nécessaires notamment à la R&D. Néanmoins, ce financement peut être aisément acquis par l’intermédiaire des Business Angels si l’équipe et le projet sont suffisamment bons.
Le facteur chance peut influencer la réussite d’une équipe, mais le succès repose essentiellement sur la gestion optimale, à la fois, du cahier des charges et du calendrier : il faut se trouver au bon endroit, au bon moment. Il ne s’agit pas forcément d’être le premier sur son marché, mais d’y entrer au moment le plus propice, les précurseurs essuyant bien souvent des revers.
L’incubation : un chemin semé d’embûches
Au sein de l’incubateur Télécom SudParis Entrepreneurs, 85% des projets aboutissent.
Les 15% d’échecs ne résultent pas seulement d’une mauvaise adéquation des services proposés par rapport au marché, mais aussi et surtout d’une mauvaise cohésion au sein de l’équipe.
Au démarrage du projet, les équipes se lancent dans la création d’entreprise et se rendent compte au fur et à mesure d’éventuels problèmes relationnels. Parfois la tension est telle que certains des porteurs se trouvent dans l’incapacité de collaborer. Il faut alors prendre le sujet très au sérieux et aboutir à des changements d’attitude, voire même à des remplacements au sein de l’équipe, pour le bien du projet. L’idée elle-même évolue et aboutit généralement à une forme finale très différente de ce qu’elle était à l’origine.
La motivation qui sous-tend la création d’entreprise est d’origine multiple : elle peut résulter de la volonté de s’enrichir, de s’émanciper des autorités hiérarchiques, mais aussi de jouir de la fierté d’avoir « monté sa boîte ».
Lorsqu’elle devient viable, en moyenne au terme de trois ans d’existence, une start-up peut connaître plusieurs destinées : soit elle devient une entreprise rentable et pérenne, soit elle est revendue à un grand groupe. Avant cela, les voies de l’incubation sont un parcours semé d’embûches : les remises en question sont nombreuses, modifiant parfois le projet en profondeur, ce qui fait dire à Sébastien Cauwet que la création d’entreprise : « c’est échouer, échouer encore, et créer mieux ».